Point sur la vie d’après
En écrivant le récit de nos vacances en Italie, je me suis dit que j’avais envie d’illustrer chaque jour par une photo mais en insérant une photo copiée de ma galerie Google, je n’ai pas retrouvé l’effet que j’escomptais, celui qui mettait cette image en avant sur la note de blog quand on est sur la page principale du journal de bord et qu’on navigue dedans… j’ai donc fait un peu d’archéologie, dans les premières notes écrites sur ce blog… et j’ai retrouvé tous mes écrits du confinement.
J’ai lu les premiers jours, ces incertitudes sur ce qu’on allait vivre, sur ce qui allait changer, définitivement ou pas, sur la vie d’après possible ou pas.
Et bien voilà, nous y sommes. Le cauchemar (je pense qu’on peut décemment appeler ça un cauchemar au vu du nombre de morts que cela a généré et des dégâts collatéraux visibles ou non, même si notre famille semble avoir été relativement épargnée) est derrière nous “concrètement”. La vie quasi normale a repris son cours. Je dis quasi normale car il reste les stigmates de cette période. Partout. En France mais, désormais nous le savons, aussi en Italie. Des panneaux partout dans les villes, les musées, les institutions, les lieux médicaux, des traces au sol incitant les gens à garder leurs distances, des panneaux leur demandant de garder le masque, en France, des messages sont toujours diffusés pour recommander le port du masque dans les transports ou à l’aéroport.
Dans les discussions, les gens parlent de “l’époque covid”, “pendant le covid”, “la période covid”. On évoque les souvenirs du confinement, des confinements, des jours, des semaines et des mois de vie sociale volés, disparus, envolés. Puis on n’en parle de moins en moins, plus comme d’un vilain souvenir à chasser de sa mémoire. Certains se croient définitivement touchés par un covid long qui recenserait bien tous les symptômes possibles du monde pour coller aux attentes de chacun.
D’autres, comme nous, ne sauront jamais ce qui se serait passé, ce que les débuts de l’adolescence de notre fille ainée auraient été “sans” le covid et les confinements, si ça aurait changé quelque chose, si ça a changé quelque chose. Ou pour Kara, si cela a eu des conséquences sur ses apprentissages, notamment des mathématiques et de l’écriture.
Pouvoir revoyager, partir, à l’étranger, a été tellement impensable pendant si longtemps, tellement lointain et surréaliste, tellement peu sûr de réexister un jour, que lorsque ça arrive, cela devrait générer une sensation inconnue de sensationnel, et pourtant ce voyage m’a semblé naturel. De nouveau, on oublie, on oublie tout ce qui ne nous est pas dû, tout ce qui n’est justement pas une évidence, tout ce qui devrait être choyé et béni. Un voyage, à l’étranger, en famille. Alors certes, nous en avons profité pleinement, appréciant chaque instant, chaque anecdote (sauf peut-être les moins agréables qui font partie d’un grand tout). Déjà, pouvoir revoir Maddy, 2 ans après son départ, son rapatriement en Australie, tenait de la magie et du miracle. Alors pouvoir reprendre l’avion, sans faire de test, sans présenter de pass vaccinal, sans masques, sans quarantaine que nous n’avons jamais vécue, pouvoir vivre le plus normalement possible… aujourd’hui, quand je me retourne sur ces quelques jours, je trouve ça marquant, voire inespéré. Ou très espéré en fait. Car quand on était en plein dans la période Covid, on ne pouvait s’empêcher de penser à l’après, à un après, même si les prévisions n’étaient pas optimistes, même si on nous disait que finalement, on ne vaincrait jamais la maladie, et qu’elle continuerait par vagues meurtrières en nombre. Aujourd’hui, on sait que la maladie n’a pas disparu et que d’autres guettent. Mais le nombre de morts a chuté drastiquement pour rejoindre des chiffres “acceptables” (qu’est-ce qui est acceptable quand il s’agit de morts ?) tels que pour les maladies comme la grippe. La grande majorité des personnes ne craint plus le covid que comme un rhume un peu virulent. Reste la peur de le passer aux plus fragiles à qui il en coûterait bien plus, tout comme la grippe au final. On ne parle quasiment plus vaccination. D’ailleurs on ne parle quasiment plus du covid dans la presse, c’est bien simple.
Pour notre part, nous n’avons pas porté le masque. Ceux qui le portaient durant notre voyage, étaient extrêmement peu nombreux, vieux ou jeunes. Nous avons continué à utiliser du gel hydroalcoolique et à nous laver les mains régulièrement. Sans psychose.
Thémis a attrapé un rhume, probablement à Amsterdam, et l’a refilé à Steven qui a été enrhumé tout notre séjour sur Rome. Le rhume de Thémis s’est transformé en allergie. Et celui de Steven s’est arrêté. La vie reprend son cours… nos derniers autotests vont périmer.
Ma mère a un rhume de temps en temps, et de la sinusite là récemment. Elle voit des médecins quand elle en a besoin. Mon père ne se protège plus depuis longtemps et il sort. Nous nous sommes donc vraiment déconfinés. Nous ressortons au restaurant, au cinéma, nous voyons les garçons. Et nous les avons même reconviés chez nous pour la première fois il y a assez peu de temps au final, et assez rarement par rapport à avant. Cela reviendra…
Aujourd’hui, je pense que nous pouvons dire que nous avons atteint la vie d’après. Avec ses restes de traumatisme.
Cette période nous aura malgré tout apporter un tas de bonnes choses, comme du télétravail là où il était surréaliste d’en espérer pour ma part (même si j’en ai très peu), des longs moments en famille qui rétrospectivement se sont bien passés et nous ont même soudés (une fois qu’on survivait à ça, que pouvait-il nous arriver réellement…), des occasions inespérées de séjours à la campagne. Nous nous sommes repliés de force sur nous-mêmes, mais pas pour le pire, voire pour le meilleur. Enfin, j’espère que ce repli n’aura pas généré un mal-être pour notre adolescente… mais l’adolescence est une période complexe. On peut imaginer que si ça n’avait pas été ça, ça aurait été autre chose.
Ce voyage m’aura demandé beaucoup d’efforts et de sorties de mes zones de confort que sont la maison (j’ai toujours été et je reste une grande casanière rassurée par ses rituels et ses habitudes), mon pays (dont je connais de nombreux recoins), mon rythme. J’ai dû donner énormément de moi-même tout en continuant à mener le quotidien de front, forcer, et organiser les achats de tous les éléments du voyage, billets d’avion, logements, transports, réservations des visites, affaires nécessaires au voyage, circuits des visites…
Je ne regrette pas de l’avoir fait car je suis convaincue que rien ne se serait fait sans moi, sans mon impulsion. Et du coup aujourd’hui, j’ai de quoi être fière de l’avoir fait.
Après la zone de confort n’était pas si lointaine puisque j’avais visité Rome 2 fois et que je savais où j’allais. Et que Steven et Thémis avaient tous les deux visité Florence, ce qui me rassurait également.
Les efforts en valent finalement la chandelle.
Les coûts aussi.
Après ça reste un voyage d’exception. Mais c’est vrai que ça donne envie de réitérer ce genre d’expérience, forcément.
Super ma chérie ! très joli commentaire ! Une bonne philosophie ! Et un grand bravo pour l’organisation de votre voyage…
Merci 😉