Jour 4

Vendredi 20 Mars
Aujourd’hui c’est le Printemps. Il y a même du soleil depuis quelques jours, comme pour nous narguer.
J’ai laissé dormir les filles… tellement pas le courage. Me lever est de plus en plus difficile, il faut dire que je me couche de plus en plus tard.
Nous avons pris notre petit rituel. Les filles se lèvent, prennent leur petit déjeuner, choisissent leurs vêtements. Elles peuvent bien mettre ce qu’elles veulent, de toute façon, ce n’est pas comme si elles allaient sortir. Elles s’habillent donc beaucoup en été, comme pour conjurer le sort. Puis elles vont se brosser les dents et reviennent pour démarrer la journée d’école à la maison.
Thémis a ma tablette avec son blog de classe comme feuille de route. Je fais faire à Kara la date du jour puis des activités envoyées par son maître sur le blog de sa classe.
Je cherche désespérément des contacts avec mon équipe. Personne sur Teams. J’ai une collègue sur Whatsapp qui n’en revient pas plus que moi. Un mail de ma boss pour un sujet qui en fait ne me concerne pas… et je vais passer la journée à faire des copier coller d’excel en attendant que l’équipe technique corrige des problèmes sur le site. Un site qui devrait être plus consulté en ce moment mais dont nous n’avons pas les stats réels car ça doit passer dans la correction…
Kara a eu Papy au téléphone, il lui a lu des histoires, ça leur a fait très plaisir à tous les deux.
On s’est vus 1 minute pour s’échanger des sacs. J’avais reçu 2 colis dont les produits pour les lentilles de Thémis. Ouf… j’avais peur d’être en rupture dans une semaine.
Steven est allé chez Brico Leclerc pour chercher notre nouveau mitigeur. On n’a pas intérêt à se louper en ce moment, sinon plus de douche pendant 45 jours au minimum.
Ce matin, je ne me sentais pas très bien, j’avais peur d’être malade. Je psychote. Mais non, en fait ça va. C’est à force de trop lire, de trop en entendre parler. Moi qui ne lisais plus l’actualité que de loin depuis des années, elle me rattrape de plein fouet. Qu’est-ce que j’étais bien…
Je pense à un éventuel après, si notre famille survit à tout ça, aux mois à venir, à tout ce qui vole en éclat, à l’économie, au fait qu’il y aura un avant et un après, au fait qu’il y a quelques mois encore je projetais de quitter mon boulot pour enfin vivre, chercher ce que je voulais faire dans la vie pour de vrai… et là… et bien ce job sera juste une bouée de sauvetage s’il est maintenu après toutes ces péripéties.
Je pense à mes rendez-vous dermato et à ce pied que j’avais enfin pu mettre dans l’hôpital Bichat avant d’en fuir (je l’espère pas trop tard).
Et puis je me remets sur l’immédiat. Les filles vont bien, elles sont plutôt mignonnes et le confinement bien que difficile pour des enfants (et les adultes) ne semble pas avoir de prise sur elles. Il y a bien des petits énervements mais pas grand chose au final.
Kara pleure de ne pas voir ses copines ou son maître.
Les parents d’élèves demandent des nouvelles les uns des autres.
Ce matin, j’ai mis Kara sur une petite émission de gym pour enfants qui lui a bien plu et qui l’a bien défoulée.
J’ai fait le repas à midi, Steven étant coincé dans ses éternelles réunions.
L’après-midi, nous avons repris nos activités. Puis nous avons appelé notre baby-sitter australienne en visio. Elle était souriante comme toujours. Mais ce fut un moment assez déchirant car bien évidemment elle va repartir. Elle a réussi à avoir un vol dimanche pour rentrer auprès de ses parents en Australie. J’étais vraiment rassurée pour elle car ça m’inquiétait de la savoir seule ici. Elle nous a promis de revenir dès que tout ça serait fini car il lui reste 2 mois d’études à faire. Elle est tellement adorable. Nous avons échangé nos coordonnées pour garder le contact. Et Kara a bien pleuré. Moi aussi je dois le reconnaître. On ne s’est pas vues longtemps mais on a beaucoup sympathisé.
Ensuite, il n’a pas été trop facile de calmer Kara. Puis l’heure du goûter est arrivé et le rituel de quelques épisodes de Teen Titans Go qui a détendu l’atmosphère.
Je suis restée très en contact avec le fil des forumers.
Et ce soir, c’est Steven qui a fait le repas.
Je fatiguais.
A 20h nous avons applaudi les soignants.
Pas un vendredi soir comme les autres, avec le plateau japonais et une télé avec les filles…
On verra demain pour passer plus de temps avec elle, sans le boulot en filigrane pour moi et en permanence pour Steven.
Je n’ai pas lancé de lessive depuis quelques jours… on remet les mêmes vêtements plusieurs fois, on ne sort pas…
Notre première “semaine” de travail en confinement s’achève et je suis aussi crevée que quand je faisais plus d’une heure de trajet par jour entre les transports et les allers retours à l’école.
On verra la semaine prochaine…