Jour -1
Dimanche 15 mars.
Au commencement.
Notre vie a basculé peu à peu, ce fut d’abord lancinant… le Coronavirus s’est peu à peu glissé dans toutes les conversations. Ca a commencé fin décembre 2019 dans ma mémoire, mais tout ça était lointain. Un virus en Chine, qui venait des chauve-souris. On en rigolait doucement. Mais pas plus que ça.
Et puis le virus s’est répandu comme une traînée de poudre.
Il y a eu la Fashion Week à Milan, l’Italie a été touchée, les cas se sont multipliés.
Les semaines passaient, des cas en France débarquaient. Tout s’est accéléré très vite.
Le gouvernement a donné des recommandations… bien se laver les mains, éternuer ou tousser dans son coude, mettre un masque quand on était malade… rester à distance les uns des autres. Mais pas grand monde suivait ses recommandations.
Le virus se propageait à une vitesse incroyable, faisant un peu plus de morts chaque jour, partout dans le monde. D’abord quelques pays, puis assez rapidement quasiment tous, à différentes doses.
En France, les recommandations sanitaires n’ont pas suffit… d’autant qu’elles n’étaient pas claires ou accompagnées de gestes forts des politiques.
Le jeudi 12 mars, le Président de la République s’est exprimé pour première fois devant tous les Français pour leur dire que tous les établissements d’enseignement de France allaient fermer le lundi 16 mars, pour 15 jours au moins, que les gens devaient télétravailler le plus possible, qu’il fallait suivre les conseils à la lettre, que ça n’était pas une plaisanterie…
En parallèle, la vie a continué, le 1er tour des Municipales du 15 mars a été maintenu. Les gens n’ont pas compris l’importance de réduire les contacts les uns avec les autres et ont continué à se voir… nous-mêmes, nous avons continué notre vie, même si elle était déjà bouleversée.
Le vendredi 13 mars, le 1er ministre donnait des instructions plus contraignantes encore.
Les entreprises se réorganisaient… mais sans prendre réelle mesure de ce que signifiait “télétravailler” si on le peut.
Nous nous apprêtions à être en télétravail une semaine sur 2 pour se relayer auprès des filles, à la maison puisque l’école était fermée.
Nous hésitions, avec les parents de copines de Kara, sur le maintien d’anniversaires d’enfants, au restaurant, au jardin d’Acclimatations. Moi je flippais déjà un max, je ne voulais pas priver la petite mais je ne voulais prendre aucun risque, j’espérais que les parents annulent. Au final, ils n’ont pas bien eu le choix.
Vendredi, 15 minutes avant de quitter le bureau, j’ai été appelée dans le bureau de ma responsable de département qui nous a fait venir, confinés à 30 dans son bureau, pour nous expliquer que les parents d’enfants de moins de 16 ans pouvaient avoir un arrêt de travail ou télétravailler, et que les autres n’avaient aucune raison de télétravailler donc devaient venir. Personne n’avait compris ça du discours du Président, ce fut le choc. Ma boss me dit que notre équipe allait télétravailler, quoiqu’il arrive. Il n’était pas question de revenir. Je pris toutes mes affaires et partis comme une voleuse en catastrophe pour l’étape suivante… l’école.
Vendredi soir, je fis ma dernière réunion de Représentants de Parents avec la Directrice de l’Ecole primaire lors de laquelle nous mîmes au point une communication envers les parents de l’école. J’étais la seule aussi pessimiste sur la durée de l’absence des enfants dans l’enceinte de l’école… Mais nous avons tout préparé pour une absence qui se prolongerait. A 1 mètre les uns des autres, ou presque.
Samedi 14 mars, nous avons reçu les garçons pour la dernière fois… Nous avons fait une partie de jeu de rôles, presque comme si de rien n’était. Beaucoup de lavages de main. Une distance le plus possible mais dans notre appartement, certes pas d’un mètre.
Dimanche 15 mars, aucun membre de ma famille n’est allé voter. Nous ne voulions pas aller au bureau de vote alors qu’on nous disait que faire nos courses pouvait être dangereux.
Mes parents qui vivent dans leur appartement, pas loin du nôtre, ne devaient plus sortir.
Autour de nous, les inconnus se précipitaient pour faire des courses en masse pour tenir une guerre… alors que d’autres se prélassaient dans les parcs, collés les uns aux autres…
La soirée électorale avait un goût amer et n’a tourné quasiment qu’autour du Covid.
Nous avons fait notre première visio avec Papy et Mamie et les filles.
Pour nous, ça a été notre jour -1 de confinement. Nous ne sommes pas sortis alors que beaucoup de parisiens allaient au parc en famille.
Le lendemain commençait notre première journée sans école.