Mardi 9 juin 2020
Deuxième jour seule à la maison avec les filles et le boulot. Toujours un peu anxieuse à cette idée d’autant plus qu’aujourd’hui j’ai 1 call.
J’ai réveillé les filles contrairement à hier où je les avais laissé dormir et où elles ont démarré la journée un peu tard, même si au final elles ont été hyper efficaces.
Ce matin, je les ai laissé prendre leur petit déjeuner que j’avais préparé, pendant mon call.
Je suis sortie d’un call de 30 minutes, 1h30 plus tard… et Thémis avait avancé le travail de Kara, c’était un peu magique.
Kara a fait une pause pendant que Thémis démarrait son propre travail.
J’ai ensuite préparé le déjeuner, je me suis occupée de la lessive, j’ai nettoyé le lavabo et la baignoire.
Le boulot c’était pas la grande joie avec des trucs qui tombaient à un moment où on n’en avait pas besoin… des bizarreries…
L’après-midi, je me suis installée avec les filles. Et Kara a pété un câble au moment de l’écriture, sa matière favorite… elle s’est mise à me crier dessus, à jeter le crayon par terre, à se traiter de nulle, etc, etc.
Depuis le matin, j’avais commencé mes conférences sur les HP émotionnels, les hypersensibles et franchement… je ne peux pas lui en vouloir, mais qu’est-ce que ça m’y fait penser. J’ai halluciné en écoutant la première conférence… celle qui parle de comment on détecte un enfant HP et de ce que ça devient en tant qu’adulte. Que quand on a des enfants de cet ordre-là, on l’est souvent soi-même. Je ne me suis jamais tenue dans une haute estime. J’ai eu un parcours scolaire qui m’a un peu détruite. Excellente jusqu’au lycée, je m’y suis effondrée bien comme il fallait, ruinant tous mes rêves de ? d’un truc que j’ai toujours considéré ensuite comme n’étant pas pour moi. J’ai toujours été appréciée et reconnue par mes enseignants et profs comme quelqu’un de brillant. Puis quand il a fallu analyser, expliquer les choses, quand c’est devenu trop “compliqué” pour moi, je me suis littéralement écroulée, avec une estime de moi proche de zéro, sans parler de l’adolescence où les gens ne sont pas tendres… il paraît que les harcelés sont beaucoup des HP. Je ne me considère pas comme surdouée ni comme douée. J’ai bien assez peu d’estime de moi pour ça. Par contre hypersensible ça oui. Ne supportant pas le bruit, les odeurs, certaines lumières, le désordre, le désordre qui n’est pas le mien. Ayant du mal dans mes relations sociales, n’étant finalement jamais satisfaite, ayant une sorte de vide, un truc qui cloche alors que j’ai tout pour être heureuse. Une fille de janvier, qui saute une classe, rejoint l’année d’avant… Gamine ultra sensible, qui pleurait tout le temps, chaque matin à l’entrée de l’école, qui ne voulait pas manger, qui était tellement discrète qu’on en oubliait mon existence à l’école, et à la fois hyper “bête de foire” en famille, à réciter des tirades par coeur, à faire la fierté de mes proches avec ma mémoire d’éléphant, à devoir toujours me surpasser dans mes résultats, pour plaire, et à être malade du moindre échec.
Et mes filles ? Une hyper scolaire qui ne me lâchait pas pour faire une activité dans un parc de la ville, maladivement fausse timide, avec un cerveau comme ça de créativité mais qui ne se passionne pour rien de ce qu’on lui propose, plongée dans ses livres, qui apprend à lire un an avant la moyenne, qui ne supporte pas que ses copains ne s’intéressent pas à l’école, qui recherchent des copines capables de jouer aux jeux imaginaires en permanence, qui écrit des histoires à 10 ans, qui pleure d’émotion devant les films quand ses copines demandaient pourquoi… qui déteste le mal qu’on fait même aux méchants.
L’autre qui ne supporte pas l’échec, qui est capable de tenir une conversation avec un adulte, avec le ton qu’il faut, et 2 minutes après est explosive et pile électrique, qui préfère ne pas faire un truc que de le rater, qui crie en permanence parce que ça va, parce que ça ne va pas, qui ramène sa fraise à tout va et qui a un avis sur tout, qui ne veut pas grandir, pas vieillir, qui veut redevenir un bébé dans mon ventre et en pleure. Etc, etc.
Je ne suis pas sortie de l’auberge…
J’ai essayé de contourner le problème. Et au final le reste de la journée s’est très bien passé. J’ai cherché à résoudre la situation, en demandant à Kara la manière dont il faudrait que ça se passe pour que ça se passe mieux. Elle a réfléchi… on tentera…
Le soir, après le repas, Steven et moi avons regardé un épisode de The Umbrella Academy.
Au final, j’ai eu le temps de faire tout ce que je voulais dans la journée. Malgré cette tension avec Kara qui me rend triste comme la pierre et impuissante, j’étais assez contente.