Semaine du 26 juin au 2 juillet 2023
Lundi 26, Kara a eu sa sortie scolaire de fin d’année. Toute l’école s’est rendue à Fontenay-Saint-Père. Cette situation m’a fait doucement rigoler dans la mesure où la directrice de l’école avait annoncé que toute l’école se rendrait à la mer pour la sortie de fin d’année lors du dernier conseil d’école. Quand j’ai reçu le compte rendu final, j’ai découvert que la sortie à la mer s’était transformée en sortie à Fontenay. Je me doutais de la réaction des parents, à savoir une grosse déception, car cette destination, connue de tous les élèves depuis la maternelle, n’a absolument rien de waouh. La directrice me l’avait alors vendue comme l’occasion d’y organiser les Olympiades prévues dans le projet d’école sur le sport et ses valeurs positives. Au final, une maman accompagnatrice m’a raconté comment la sortie s’était passée. Il n’y a absolument eu aucun jeu d’organisé par l’équipe pédagogique. Les enfants ont joué tout seuls comme des grands. Ce qui est malheureux, c’est qu’on leur avait annoncé du sport. Kara n’a pas trop compris pourquoi on lui avait parlé de sport… elle a bien vu la différence entre ce qu’on lui avait dit et le résultat final. La maman a proposé d’aider à organiser des jeux, l’équipe lui a répondu qu’elle était très bien là, à ne rien faire. Comme quoi quand on ne veut pas, on ne veut pas.
Comme il n’y avait pas de devoirs puisque les enfants n’avaient pas pris leur cartable, j’avais demandé à mon père d’aller chercher Kara au goûter.
De mon côté, j’en ai profité pour aller récupérer un colis qui m’était revenu curieusement alors qu’il s’agissait d’une vente réalisée sur Priceminister. J’ai alors découvert un colis totalement défoncé. Je suis allée voir comment déposer une réclamation à la poste puisqu’il s’agissait d’un dépôt dans un bureau de Poste. Mais, il s’agissait en fait d’un Shop2Shop Chronopost et la Poste ne pouvait rien faire. J’ai donc appelé le service client qui m’a conseillé d’ouvrir le colis pour vérifier l’état du produit à l’intérieur et déposer une plainte auprès de Priceminister éventuellement. En tout cas le colis avait été refusé à son arrivée à destination. Ce fut un grand mystère car quelques jours plus tard j’ai découvert que le destinataire n’avait jamais refusé le colis. Au final, le produit qu’on vendait était en bon état, nous l’avons récupéré et c’était bien l’essentiel.
Mardi 27, suite à notre demande, un panneau a été installé en face de l’école pour les RPE.
Mercredi 28, mon père a emmené Kara au cinéma voir Ruby, l’ado Kraken.
Dans la nuit de mercredi à jeudi, des émeutes ont éclaté suite à la mort d’un jeune, tué par un policier à Nanterre. Les jeunes de notre quartier, ceux qui avaient foutu le dawa l’année dernière au 14 juillet, s’en sont donnés à coeur joie et ont lancé des tirs de mortiers toute une partie de la nuit, terrorisant tout le quartier autour de l’école et brûlant des poubelles sur la chaussée.
Nous avons dû fermer les fenêtres en pleine nuit tellement on sentait les feux d’artifices, dans notre appartement. J’ai cru que c’était des jeunes du 17ème avant de découvrir les dégâts le lendemain matin.
Jeudi 29, je suis allée distribuer les bracelets pour la fête de l’école du lendemain soir, avec quelques RPE. Nous n’avons pu que constater les dégâts sur le chemin de l’école, verres brisés, chaussée brûlée, tags sur les murs du club ado et du Centre de Loisirs… Le spectacle était atterrant et ridicule de bêtise humaine. Des jeunes s’en prenant aux infrastructures de leur quartier, de leurs petits frères et soeurs… ça faisait vraiment pitié. Nous avons distribué les bracelets aux parents tout en devinant que nous ne pourrions pas nous permettre d’accueillir les familles dans ces conditions avec le risque que cela se reproduise…
Dans la journée, et sur les conseils de l’IEN, nous avons pris la décision d’annuler la fête ouverte aux parents et de la reporter à la semaine suivante mais que pour les enfants. C’était un crève-cœur au vu de tous les préparatifs et de l’attente de ce moment de partage avec l’école.
Vendredi 30, j’étais en télétravail… pour rien, puisque la fête de l’école était annulée, notre pot de fin d’année annulé aussi. Le contre-coup était difficile et la nuit ne s’était pas mieux passée. Nous n’avions donc aucun regret, les tirs de mortier avaient repris cette nuit-là, se déplaçant dans la rue un peu plus loin.
Dans la journée, l’EN a interdit les fêtes d’école ce soir-là, nous n’étions donc plus la seule école punie et stigmatisée.
Mais l’incompréhension était grande parmi les parents et les avis étaient partagés entre besoin d’assurer la sécurité, dégoût de l’annulation et de la situation au global.
Un couvre-feu a même été mis en place dans notre quartier à partir de ce jour et jusqu’au 4 juillet. Se posait alors la question du maintien ou non du Bal des CM2 qui devait avoir lieu le 4 juillet justement…
L’émotion était vive et j’étais très partagée.
Samedi 1er juillet, nous avons offert à Kara un petit t-shirt qu’elle avait repéré en Italie mais qui n’existait pas dans sa taille, en récompense de son bon livret scolaire de fin d’année. Par chance, j’ai réussi à le trouver sur internet.
Kara a eu les félicitations et nous étions très fiers d’elle.
Le soir, Steven a proposé que nous allions au restaurant Diagon Elley avant le couvre-feu pour sortir de la morosité ambiante et profiter malgré tout du début de l’été. J’ai réservé sur the fork et nous avons passé une très bonne soirée. Nous sommes rentrés dans les temps avec cette sensation d’avoir fait un pied de nez à une situation qui nous échappait totalement.
La nuit de vendredi à samedi avait été meilleure.
Dimanche 2, Kara s’est déguisée en Cléopâtre. La nuit de samedi à dimanche était toujours plus calme. Pendant ce temps la France continuait à s’embraser dans les banlieues et ailleurs dans les campagnes.