Jeudi 28 mai 2020
Encore un jour de double télétravail et double école à la maison.
Nous alternons les devoirs de Kara selon la patience et la disponibilité de chacun.
Je n’ai pas de call aujourd’hui.
Ma boss nous informe que lundi sera bien férié et non travaillé dans notre entreprise. On est jeudi… pour lundi. J’hallucine. Heureusement que ce n’est pas l’inverse car je ne sais pas ce que j’aurais fait. En fait, ce n’est pas “férié” comme elle nous le dit mais on doit donner une RTT ou une quelconque récup’ pour pouvoir financer cette journée de solidarité.
Le midi, je passe l’aspirateur dans l’appartement car il est vraiment trop dégoûtant à mon goût… je ne le supporte plus. Mais mon niveau d’acceptation doit être plus bas que pour le reste de la famille.
L’après-midi, Thémis organise la motricité de Kara. L’émulation est bonne.
En fin d’après-midi, je suis prévenue par le fil forumial que les annonces du gouvernement ont lieu sur l’après 2 juin. Cette fois, avec le boulot, je ne ferai qu’un live tweet allégé. De toute façon à quoi bon…
Quelques remarques suite à ces discours… dans le total désordre. On change de couleur, le orange avait disparu, nous sommes de nouveau orange… Le discours de Blanquer m’a bien fait marrer… avec ses relances sur l’aspect sport/culture à organiser par les villes. Quand on sait que la nôtre est aisée et qu’elle organise ce qu’elle appelle une garderie “on fait ce qu’on peut” on emmènera les mômes à la maison de campagne de la ville, en car, on les parquera dans des gymnases avec distanciation et on leur fera faire des activités manuelles dans leur centre de loisirs, pour les plus petits… j’avoue que j’ai du mal à voir la relation entre la réalité du terrain et le blabla marketing des discours officiels. Comme pour les vacances apprenantes… chez nous, il faudrait qu’il y ait des enseignants volontaires. Ce qui n’a pas l’air d’être le cas, d’après la directrice. La ville nous met donc en relation avec des baby-sitter, étudiants de la ville, et des parents volontaires pour faire du soutien scolaire. Wa-ouh.
Réouverture des cinémas le 22 juin. On ne parle pas des distances dedans.
Réouverture des piscines à cette date. Idem.
Réouverture des restos en zone verte et des terrasses en zone orange, avec tables à 1 mètre, moins de 10 personnes par table, et le port du masque quand on se déplace. Ce qui va à l’encontre de toute procédure précédente de port et retrait du masque sous condition sanitaire.
Je vous laisse imaginer : nous devons retirer nos masques en les tenant par les élastiques puis les mettre directement au lave-linge et se laver les mains, donc dans un restaurant, nous devons nous laver les mains après avoir retiré notre masque MAIS nous devons porter notre masque pour aller aux toilettes. Cherchez l’erreur. Autant expliquer qu’on peut remettre et enlever un masque à volonté. Ou que toute a procédure de base est bidon. Ou bien encore que si on adapte on n’est bien sûr plus dans les clous de la sécurité optimale initiale. Bref. Un peu foutage de gueule.
Les 100 km sautent mais ne vous déplacez pas “trop”.
Faites du tourisme cet été, sauvez l’économie. Mais ne faites pas circuler le virus.
Personnes à risque, prenez vos responsabilités, faites en votre âme et conscience. C’est là que je me dis… quand je vois les personnes à risque qui ne vont plus à leur boulot pour ne pas prendre de risque et qui revoient des amis avec un minimum de distanciation… je me pose vraiment des questions… enfin chacun prendra en effet ses responsabilités et adaptera… après, pour un retour au travail sur site, à un moment, on n’aura plus trop le choix et plus le risque baissera, plus les gens devront apprendre à retourner sur site pour que la vie continue.
Si la vie continue avec ses relations, elle peut continuer pour son boulot…
Pour ma part, j’ai pour le moment pris la décision de revoir le moins de monde possible. Si j’ai besoin de donner ou rendre des affaires à quelqu’un on s’organisera. Mais je veux tenter de protéger mes parents le plus possible, et pour moi c’est incompatible avec revoir mes amis, en intérieur, chez nous, et je n’ai pas envie de revoir du monde dans des parcs blindés et avoir du mal à respecter la distanciation.
D’ailleurs, avant le discours, j’ai voulu faire plaisir à Thémis… sa meilleure amie avait prévenu qu’elle passerait déposer un petit cadeau pour elle dans la boîte aux lettres en revenant de l’école (car elle y retourne) et quand elle a sonné pour demander dans quelle boîte déposer, nous sommes descendues la voir avec sa maman. Nous avons passé un moment à discuter devant l’immeuble. J’avais mon masque, sa maman avait son masque, Thémis avait son masque, son amie ne l’avait plus car elle venait de se faire une journée d’école avec et n’en pouvait plus. Les filles ont papoté, un peu éloignées de nous et pour ma part je n’étais pas à 1 mètre de la maman, heureusement nous avions nos masques mais sérieux j’ai été mal à l’aise durant tout ce temps. On ne sait pas, on ne sait rien, avec les asymptomatiques. Alors notre vie ça va être ça ? Se suspecter les uns les autres ? avoir des doutes sur ses amis ? sa famille de retour du boulot ? se dire qu’on peut être contaminé par quelqu’un comme ça, sans faire exprès, parce qu’on a voulu avoir un temps de sociabilité après 2 mois et demi de vide. Thémis était tellement heureuse de revoir son amie. Elles ont même commencé un jeu imaginaire en direct… ça me faisait plaisir et à la fois mal au coeur.
Ca ne serait que nous, je m’en foutrais… même si je crains un peu pour moi que mes allergies chroniques respiratoires n’aggravent une maladie qui devrait ne me laisser que peu de traces normalement. Je crains surtout pour ma mère. Je veux l’épargner et qu’elle puisse profiter de ses petites filles cet été. Heureusement, nous devrions avoir 4 semaines d’isolement de Paris avant que les filles ne les retrouvent en Normandie, si tout va bien. Mais pour ça il faut que rien ne dégénère avant. Donc prendre des précautions.
Après le discours, après la fin de mon boulot (je suis contente j’ai fait tout ce que je voulais faire !), j’ai fait la valise pour le week-end. Puis nous avons fait un apéro visio avec les garçons, qui s’est transformé en dîner visio. Nous avons fini tard.