Jour 7
Lundi 23 mars
Ce matin, j’ai de nouveau laissé dormir les filles. A la fois, je n’ai pas le courage de les réveiller et ça me fait “gagner du temps” sur le fait de ne pas avoir à les gérer, à répéter inlassablement de prendre le petit déjeuner, de se brosser les dents, de s’habiller (elles ne me demandent même pas de rester en pyjama, j’en suis bien contente), de se démêler les cheveux (un minimum), plus la bobologie, le pschitt dans le nez de Kara, la crème sur son corps pour apaiser ses petites plaques d’eczéma (et oui, elle aussi…).
Je me prépare en quelques minutes. Steven est déjà au boulot sur la table de la salle-à-manger avant de migrer dans la chambre des filles dès que celle-ci sera libre.
Quand les filles se lèvent, tout le tralala commence et quand je peux, je m’installe enfin sur mes PC pro et perso.
Thémis bosse bien, en autonomie. Kara c’est différent. Chaque activité donné nécessite une attention de tous les moments et de toute façon elle n’a globalement pas envie. Alors j’arrive à lui faire faire quelques bricoles mais je ne peux pas y passer tout mon temps car j’ai aussi du boulot.
11h30, call technique, on s’organise, une mise en pre-prod a eu lieu vendredi, on n’a pas été prévenues mais on va tester tout l’après-midi, pour mise en prod le plus tôt possible. On a de quoi bosser c’est indéniable et des clients en attente de corrections techniques pour faire ce qu’ils veulent faire.
Steven mange en décalé car il est en call de 11h à 14h, c’est bien simple.
Dans l’aprs-midi, je fais des tests, j’avance.
Puis vers 16h j’ai un appel de la Directrice de l’Ecole. On s’organise sur les prochains posts à paraître et sur les infos pour les CM2 avec les affectations en 6ème. Evidemment tout va être décalé… au national. Donc pas de panique.
Nous nous félicitons mutuellement de tout ce qu’on a pu mettre en place jusqu’à maintenant. On aura fait notre maximum, eux comme moi. S’il nous arrive quelque chose, les parents ont de quoi tenir.
On évoque également tous ces gamins qui ne se sont pas connectés, pour diverses raisons (pas d’ordi, négligence des parents…) et qui sont donc paumés dans la nature sans continuité pédagogique. On va faire notre maximum again mais il y aura de la casse. Sans parler de ceux pour qui, elle le sait parfaitement, le confinement veut dire 8h par jour sur Fortnite, si ce n’est plus.
J’enchaîne avec un appel de ma boss. En effet, ce matin, elle nous a envoyé un mail pour nous dire que nous allions bientôt être au chômage partiel, sur demande générale de la boîte. Elle veut se battre pour elle et moi pour qu’on soit en garde d’enfant mais je lui explique que ça ne fonctionne plus comme ça et que ça n’a aucun sens. Elle est dépassée et passe ses journées à chercher des infos auprès des différentes cellules de la boîte. Je devrais bosser jusqu’à demain soir puis finito.
Ensuite, je passe un coup de fil à mes parents, mine de rien ça fait longtemps que je ne les ai pas eus au téléphone concrètement même si on échange sur Whatsapp. Ça fait du bien à tous de parler pour de vrai.
Ce soir 20h, les filles sont allées applaudir, j’y suis allée rapidement.
J’ai moins consulté le live aujourd’hui. J’avais posté un commentaire dimanche au sujet d’une pub que j’ai reçu sur mon mobile pour des masques et du gel de la part d’une petite entreprise de Paris 16ème alors que les masques sont réquisitionnés. Je n’ai pas pris le temps de voir s’ils avaient posté ma question et s’ils y avaient répondu. Tout le monde cherche des masques et le mec fait sa pub en les vendant sur le net… je ne comprends pas.
On a continué Mad Men. Ca fait tellement bizarre de voir des gens se parler, s’embrasser et marcher dans les rues. C’est une étrange sensation de “pas à sa place”, de “pas autorisé”.